INSIDE (clap de fin)

On ne m’avait pas prévenu. 
On ne m’avait pas dit, que ces dernières semaines / jours étaient si intenses. Que se passe-t-il dans ma tête pour qu’une partie de moi prenne complètement le contrôle de mon corps et mon esprit ? Je me sens démunie de tout, de mes pensées, mes humeurs, mes émotions … 

Un jour avec. Un jour sans. Le tout, puissance 1000. 

Je suis « over control » au quotidien, pour de nombreuses choses & bien que ce soit un réel frein dans certaines situations, j’aime être cette personne qui contrôle ma vie, mes choix, mes idées & mes envies. J’aime mener un projet du début à la fin, avec mon intuition et mes convictions & j’aime y arriver sans l’aide de personne, en me focalisant uniquement sur le challenge & le résultat. Je suis comme ça dans la vie de tous les jours, & je sais que cela peut être compliqué au quotidien, notamment pour mon entourage, mais il y a une chose que je n’avais pas prévue, c’est bien l’idée de ne rien contrôler du tout dans la maternité, d’être aussi actrice que spectatrice de ce qui se passe dans votre corps & de ce qu’il a prévu pour vous. 

Cela fait 18 mois que ma vie a pris un tout autre tournant en perdant notre premier fils, en juillet 2019, dans mon 9e mois de grossesse. J’ai eu une grossesse particulièrement difficile, douloureuse et très suivie, j’en ai alors appris tellement sur la maternité, sur ce qui pouvait se passer/se produire si soudainement & sur les séquelles que ça pouvait laisser en soi, pour toujours. 

Je me suis relevée, battue & j’ai avancé sainement dans mon deuil pour m’en sortir & rebondir. J’ai travaillé dur sur moi-même, j’ai changé ma vision des choses, j’ai évolué et j’ai grandi, avec cette immense leçon de vie que m’a laissée mon petit prince. 
En attendant aujourd’hui notre petit miracle, notre deuxième bébé d’août, notre plus bel espoir, je me sentais déjà si différente. Remplie d’angoisses, de traumatismes, évidemment, mais prête à me battre de nouveau, pour réaliser notre rêve de fonder une famille. 

9 mois c’est long. Alors imaginez 18. 

Outre l’aspect esthétique de mon corps, qui a été abîmé par les grossesses, qui garde en lui des souvenirs douloureux, un accouchement voix basse qui s’est très bien passé mais laissant un corps vide et meurtri, tentant de se relever du deuil de sa propre chair, l’esprit aussi en prend un coup, qui laissera des traces indélébiles à vie. 
J’ai réussi à surpasser cela, à en parler, à accepter, à communiquer sur mes émotions, ma tristesse … 

Jusqu’à aujourd’hui. 

Cette foutue idée que je me suis mise en tête dès les premières semaines de grossesse & que la plupart de mon entourage (proche et professionnel médical) acquiesçait. « Deuxième bébé » « grossesse rapprochée » « bébé arrivera avant terme, voir bien plus tôt » –
Quelle foutue idée je me suis mise en tête. 
Et à quel moment, encore une fois, j’ai cru que je contrôlais la réalité, que je pouvais/pensais savoir ce qui allait se passer et comment / quand ça allait se passer ? Comment ai je pus être si naïve ? Encore une fois. 

Ces derniers jours tout se mélange dans ma tête, tout est si intense, décuplé… je ne contrôle plus rien.

Je vois les jours d’août défiler & premièrement ma fierté en prend un coup (moi qui criais sur tous les toits à tous nos amis « bébé arrivera avant je le sais, je le sens ») je me suis trompée. 
Deuxièmement, l’attente fait place à l’angoisse. L’angoisse d’être spectatrice du temps qui passe, de ne pas avoir la main dessus, de ne pas contrôler les heures, les jours, les dates qui avancent. De ne pas choisir le jour où ce bébé arrivera, ni même la manière dont cela se produira. 

On a toutes/tous des idéaux. Perdre les eaux, réveiller son chéri, lui dire de se préparer, que c’est le grand jour, que l’aventure commence. 

Envoyer ce fameux message à sa famille, ses amies … « ça y est j’y suis, c’est le jour J, je pars à la maternité … » j’en rêve, plus que ça même… je suis obnibulée par ce moment que j’attends tant, mais qui tarde à arriver, tout simplement parce que oui, je ne gère rien & tout est écrit pour une raison.

Ce bébé arrivera quand LUI l’aura décidé. Pas toi. 

Jusqu’au bout mes deux enfants m’auront appris la vie, en 18 mois, la plus grande leçon de toute ma (jeune) vie. Ils se ressemblent, ils se complètent et j’ai aujourd’hui compris, pourquoi ils m’ont choisi tous les deux comme maman, parce que’avec eux, grâce à eux, je comprends beaucoup de choses, j’apprends, je tombe mais ils m’aident à me relever & cest sûrement le plus beau rôle que la vie m’ait offert. 

Alors à quoi bon compter les jours, profite diront-ils, mais c’est grave si je n’y arrive pas?

Mon impatience prend le dessus, car je meurs d’envie et d’amour de serrer enfin, cette si petite personne qui aura chamboulé ma vie & qui ne le sait pas encore. 
Il était là le message. Je n’étais pas encore prête. J’avais besoin de vous écrire ces mots pour les réaliser, pour relâcher, pour apprécier. 

Maintenant j’ai compris, je t’attends et je suis prête.
À mes petits lions.