Toi

J’ai illustré cet article avec une photo où je porte une robe « arc en ciel » pourtant tu ne l’es pas, et alors?
Tu n’es pas ce bébé arc en ciel comme on désigne ce bébé « d’après ». Celui qui arrive après un deuil périnatal. Pourtant c’est tout comme. 
Nous avons eu Roma après la perte de notre petit Mathis, puis toi, finalement peu de temps après. Tout s’enchaîne, c’est fou. 

Il y a 4 ans, j’avais 25 ans et je n’aurai jamais imaginé ma vie basculer à ce point. L’instinct maternel je l’ai toujours eu, depuis toute petite. J’ai toujours adoré avoir des poupées, pleins de poupées.
Materner, éduquer, choyer. 
Je n’aurai jamais pu imaginer que cet instinct là aurai un tel rôle dans ma vie, celui qui fait battre mon coeur comme rien ni personne d’autre, celui rythmant ma vie à l’heure où je vous écris.

Est ce que c’est le cas? Tout est écrit?

Toi,
Toi que j’ai désiré dès le moment où j’ai rencontré Roma, dès lors où j’ai eu l’immense bonheur de devenir maman, de porter mon bébé, de découvrir cet amour qui sort des tripes et qui bouleverse tant c’est fort. 
Je savais.
On me disait; « c’est les hormones ça va passer ». Pourtant ça n’a jamais quitté mes pensées.

J’ai tellement aimé Roma, je l’aime tellement encore plus aujourd’hui, qu’il était évident que je voulais ressentir ça, encore. Quand on vous enlève tout, aux portes du bonheur. Quand la vie s’effondre. Que le coeur se brise et que la douleur est si forte, alors je peux vous dire que quand le bonheur revient, on ne veux plus jamais qu’il reparte. 
Je suis comme ça.
J’en veux encore, toujours. J’ai parfois pensé que c’était un caprice, un caprice à moi même. Pourtant Roma « nous suffit » là n’est pas la question, mais ça fait tellement de bien d’être heureux & d’être récompensé .. que l’idée de recommencer ne m’a finalement jamais quittée. 

Oh oui tu étais voulu et dès lors où j’ai vu ces deux barres s’afficher, je t’ai alors aimé. 

On dit que chaque grossesse est différente et je l’affirme.. j’ai pu différencier mes deux premières. Pour mon fils en 2019, j’étais pliée de douleurs, de contractions, mais aussi remplie d’innocence et de déceptions, chaque mois tout s’effondrait un peu plus et il fallait quand même tenir, physiquement et psychologiquement .. je n’ai jamais eu aussi mal, mal dans le corps, mal dans le coeur. 
Pour Roma, en 2020, c’était plus doux, plus simple, j’ai découvert ce que c’était réellement d’être enceinte et finalement qu’il n’y avait rien de douloureux à cela .. que je n’avais pas besoin de souffrir pour aller au bout, que se battre n’était finalement pas nécessaire, pas tout le temps.

J’étais confinée, apaisée, en osmose complète avec elle, c’était merveilleux. 

Je me disais que j’avais connu le pire et que la foudre ne pourrai pas taper deux fois au même endroit … alors j’y croyais, j’étais bien. 

Puis toi, en 2022, je pensais être prête et solide, mais ces foutues hormones ont probablement bousculé tout ça .. tout se mélange dans ma tête, parfois j’ai peur, parfois ça va. Je n’ai jamais douté du fait de t’aimer autant que ta sœur, beaucoup se questionnent à ce sujet, culpabilisent même. Ce n’est pas mon cas, je vous aime déjà indéfiniment et je n’ai pas peur de l’avenir.

Comme ci j’avais toujours su, comme ci je savais, je sentais ô combien j’allais me sentir complète avec vous deux. Mais le chemin est long et intense. J’idéalise tellement cette vie que j’ai atrocement peur qu’elle m’échappe.. je me dis que c’est trop beau, trop fragile .. alors j’ai peur. Souvent.

Alors oui tu n’auras pas l’histoire de ta sœur, elle ne sera peut être pas aussi atypique, mais elle est pourtant tout aussi unique et je vous assure que j’en ferai notre force, en famille.

Parce que dans les deux cas, je ne cesse de me battre pour vous, pour vous rencontrer et vous aimer. Vous êtes mon plus beau combat et mes plus belles victoires. 

Alors oui toi, tu ne le sais pas encore mais je t’aime déjà.